Cet article a été écrit dans le cadre de mes études à l'École Supérieure de Journalisme de Paris.
La consigne était de rédiger une critique de film ou de série pour un magazine accessible à tous. Le sujet était libre.
Calibrage : 2000 signes
Primal, pas primaire
Avec sa dernière série Primal (2019), le créateur de Hotel Transylvania Genndy Tartakovsky s’attaque à une forme de narration inédite. Plus complexe, plus « adulte », sans dialogues, Primal propose une expérience (trop) rare dans l’univers des dessins animés. Bienvenue dans un monde violent et méditatif.
L’association « homme préhistorique, dinosaures, dessins animé et Genndy Tartakovsky » pourrait faire naître quelques sourires narquois. Pourtant, si c’est bien un sourire qui apparaîtra sur vos lèvres à la fin de la première saison de Primal, ce sera plutôt de plaisir.
Genndy Tartakovsky est connu pour des séries d’animation diverses, comme Le laboratoire de Dexter ou Star Wars: Clone Wars, et également pour les films Hotel Transylvania. Avec Primal, le réalisateur offre une expérience très différente, sûrement moins adaptée aux plus jeunes.
Dans une préhistoire fantasmée, où les humains cohabitent avec des dinosaures, un homme des cavernes et une femelle tyrannosaure unissent leurs forces contre un monde hostile et brutal, où règne la loi de la jungle. Ce pitch très simple — c’est une histoire classique de souvenir douloureux qui se transforme en amitié indéfectible — cache un dépaysement total.
Les visuels très inventifs donnent à cet univers inspiré de Conan le Barbare (les baffes à des chameaux en moins) une teinte presque fantastique : on ne cherche évidemment pas à aller vers le réalisme absolu. L’écriture varie subtilement les styles : en plein milieu d’une scène de poursuite oppressante, on peut ainsi rester quelques instants en admiration devant un paysage idyllique. Ces moments contemplatifs, parfois même introspectifs sont régulièrement ménagés, avec suffisamment de rareté pour nous permettre de les apprécier. Le rythme globalement haletant est donc très bien dosé, heureusement : la série ne comportant aucun dialogue, on pourrait vite s’ennuyer.
En une saison saison de dix épisodes, Genndy Tartakovsky arrive à nous faire ressentir une palette d’émotions très étendue, du découragement à la sérénité, en passant par la mélancolie. On pourrait même ressentir de la frustration, les courts épisodes — 20 minutes chacun — s’enchainant presque trop vite. Heureusement, une saison 2 a déjà été annoncée, sur Canal+ également.